"… j'ai appris à contempler cette lente éclosion.
Prenons la pivoine : jour après jour, elle nous étonne et nous émerveille par son épanouissement insolent.
A un moment donné, nous croyons que le point culminant est atteint. Eh bien non. Le lendemain et les jours suivants, encore et encore, quelque chose au coeur du calice continue à jaillir,
telle une fontaine inépuisable, faisant frémir les pétales,
déborder la coupe déjà trop pleine.
Rilke, dans un des sonnets à Orphée, a écrit que lorsque la fleur s'apprête à s'ouvrir, c'est avec une telle volonté que, malgré son apparente fragilité, aucune force extérieure ne pourra l'en détourner.
L'éclosion d'une fleur a beau être éphémère,
elle est triomphante,
comme si de toute éternité
son irrépressible intention était enracinée dans la terre,
de la Vie ."
comme si la terre ne pouvait pas ne pas donner une pivoine ou une rose,
comme si la beauté d'une rose était suffisante
pour justifier l'aventure de la Vie ."
Extrait de "Et le souffle devient signe" de François Cheng
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