
Imagine une chambre claire, dans une maison où aucun bruit,
aucune voix ne retentit encore.
Dans l’éclat tranquille de l’unique fenêtre ouverte sur la campagne,
la courbe d’un visage se découpe en tremblant.
On croirait un orbe pâle, un astre suspendu dans les airs bleutés qui l’auréolent...
Absorbée par un ouvrage familier, la jeune femme ne dit rien,
sa nuque souple, tout son corps tendu et léger sous les plis du vêtement...
Mais ne nous attardons pas au détail, regardons plutôt les airs libres autour d’elle,
l’espace mouvant, limpide, sa respiration claire et secrète à la fois...
Rien n’a bougé autour de la silhouette animée,
comme prise dans le cristal aérien d’une lumière neuve, fraîche, à peine dorée,
qui baigne la pièce où la surface luisante des meubles
semble capter la paix profonde d’un instant rare...
Oh ! puissions-nous pénétrer l’intime de ce silence qui est le sien à cette heure !
Sens-tu déjà comme il t’éclaircit ?
Il nous affine et nous approfondit.
Il sollicite d’abord l’ouïe, mais envahit aussitôt les autres sens.
Je pense aux matins suspendus à la note aiguë d’un chant d’oiseau.
À l’éclat de la neige sous la lame d’un ciel étincelant.
Au soleil vif sur le vert tendre d’avril... Clarté...Nudité...
Tels sont les mots qui me viennent dans cette atmosphère allégée.
Telle est la soif qu’elle éveille au creux de la chair avivée,
nous poussant à descendre toujours plus au fond,
pour atteindre la pointe cristalline d’un être
qui nous reste en grande partie étranger...
Oui, ce silence-là est médiateur, il est fait pour entendre,
pour mieux entendre le souffle qui nous traverse.
En ce sens il est la voix de l’âme,
la scintillation invisible de la vie profonde,
l’éclat de l’instant qui la révèle.
En lui nous prononçons le nom de Dieu, sans même le comprendre,
dans une effusion de grâce, de joie rayonnante,
comme des ondes se propageant indéfiniment
et qui font que le présent dure et s’étale dans un espace sans bord...
La jeune femme n’a pas même frémi, à peine cillé.
Tout en elle se concentre et respire.
Son visage comme un voile d’une extrême finesse,
où la lumière passe et repasse,
toute la clarté montante des airs dans son regard infiniment élargi...
Comblée de grâce,
pleine d’une félicité qui semble se condenser avec la transparence des airs,
avec cette paix à la fois si quotidienne, si simple, si proche,
et bouleversante inexplicablement...
Elle semble prier les yeux ouverts,
une légère tension parcourt son corps,
d’une fermeté nouvelle, sans effort,
sans contrainte aucune...
Grâce, car de tels moments ne peuvent être que donnés...
Pleine de cette grâce qu’elle accueille à force d’abandon,
de mutisme, de secrète solitude...
Parce qu’elle a entendu, parce qu’elle s’est laissé habiter,
elle voit maintenant.
Comme tu peux voir aussi, dans la blancheur du jour à la fenêtre,
l’ange immense et fragile qui se déploie
– sans bruit, ample comme un souffle –,
la lumière pareille à des ailes ruisselantes, légères, à peine vibrantes,
dont la perception seule, aussi fine que leur battement,
suffit à dissoudre la pesanteur...
Du messager ou de la jeune femme bouleversée,
tu ne saurais dire qui est l’ange,
tant son visage resplendit dans la pièce illuminée,
d’un rayon dont on ignore s’il s’élance du plus haut des cieux
ou du plus secret de sa chair muette.

aucune voix ne retentit encore.
Dans l’éclat tranquille de l’unique fenêtre ouverte sur la campagne,
la courbe d’un visage se découpe en tremblant.
On croirait un orbe pâle, un astre suspendu dans les airs bleutés qui l’auréolent...
Absorbée par un ouvrage familier, la jeune femme ne dit rien,
sa nuque souple, tout son corps tendu et léger sous les plis du vêtement...
Mais ne nous attardons pas au détail, regardons plutôt les airs libres autour d’elle,
l’espace mouvant, limpide, sa respiration claire et secrète à la fois...
Rien n’a bougé autour de la silhouette animée,
comme prise dans le cristal aérien d’une lumière neuve, fraîche, à peine dorée,
qui baigne la pièce où la surface luisante des meubles
semble capter la paix profonde d’un instant rare...
Oh ! puissions-nous pénétrer l’intime de ce silence qui est le sien à cette heure !
Sens-tu déjà comme il t’éclaircit ?
Il nous affine et nous approfondit.
Il sollicite d’abord l’ouïe, mais envahit aussitôt les autres sens.
Je pense aux matins suspendus à la note aiguë d’un chant d’oiseau.
À l’éclat de la neige sous la lame d’un ciel étincelant.
Au soleil vif sur le vert tendre d’avril... Clarté...Nudité...
Tels sont les mots qui me viennent dans cette atmosphère allégée.
Telle est la soif qu’elle éveille au creux de la chair avivée,
nous poussant à descendre toujours plus au fond,
pour atteindre la pointe cristalline d’un être
qui nous reste en grande partie étranger...
Oui, ce silence-là est médiateur, il est fait pour entendre,
pour mieux entendre le souffle qui nous traverse.
En ce sens il est la voix de l’âme,
la scintillation invisible de la vie profonde,
l’éclat de l’instant qui la révèle.
En lui nous prononçons le nom de Dieu, sans même le comprendre,
dans une effusion de grâce, de joie rayonnante,
comme des ondes se propageant indéfiniment
et qui font que le présent dure et s’étale dans un espace sans bord...
La jeune femme n’a pas même frémi, à peine cillé.
Tout en elle se concentre et respire.
Son visage comme un voile d’une extrême finesse,
où la lumière passe et repasse,
toute la clarté montante des airs dans son regard infiniment élargi...
Comblée de grâce,
pleine d’une félicité qui semble se condenser avec la transparence des airs,
avec cette paix à la fois si quotidienne, si simple, si proche,
et bouleversante inexplicablement...
Elle semble prier les yeux ouverts,
une légère tension parcourt son corps,
d’une fermeté nouvelle, sans effort,
sans contrainte aucune...
Grâce, car de tels moments ne peuvent être que donnés...
Pleine de cette grâce qu’elle accueille à force d’abandon,
de mutisme, de secrète solitude...
Parce qu’elle a entendu, parce qu’elle s’est laissé habiter,
elle voit maintenant.
Comme tu peux voir aussi, dans la blancheur du jour à la fenêtre,
l’ange immense et fragile qui se déploie
– sans bruit, ample comme un souffle –,
la lumière pareille à des ailes ruisselantes, légères, à peine vibrantes,
dont la perception seule, aussi fine que leur battement,
suffit à dissoudre la pesanteur...
Du messager ou de la jeune femme bouleversée,
tu ne saurais dire qui est l’ange,
tant son visage resplendit dans la pièce illuminée,
d’un rayon dont on ignore s’il s’élance du plus haut des cieux
ou du plus secret de sa chair muette.

PHILIPPE MAC LEOD
Il a publié plusieurs recueils de poésie.
Son prochain ouvrage, d’eau et de lumière.
Lourdes : une spiritualité de la transparence,
dont cette méditation est tirée,
est paru aux éditions Ad Solem.
Photos ° haut : publiée le 10/09/10 sur le site de Desire to inspire
° bas : Pequinos milagros un film de Eliseo Subiela
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